A propos de la page Wikipédia « Frédéric Chopin » 6 ANNEXE 2 Autres adeptes du culte de Chopin français

Publié le par Jacques Goliot

 

La nationalité de Chopin selon Doan Bui et Isabelle Monnin ; Danièle Pistone

 

 

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Mes recherches sur la nationalité de Chopin m’ont permis de découvrir qu’il n’y a pas qu’Hysteriska, Wisniewska, Jean Luc W (dans Wikipédia) et Emmanuel Langavant (sur un site propre) pour défendre l’idée que Chopin était juridiquement français, et non pas polonais (« Article 10 du Code civil ! C’est la loi ! Pas de discussion !). 

 

On trouve cette assertion sur plusieurs pages Internet (sans grand intérêt), mais surtout, pour le moment, dans deux livres relativement sérieux : Ils sont devenus français, de Doan Bui et Isabelle Monnin (Lattès, 2010 et Seuil, coll. « Points », 2010) et L’Interprétation de Chopin en France, de Danièle Pistone (dir.) (Honoré Champion, 1990). 

 

Doan Bui et Isabelle Monnin, Ils sont devenus français

Page 29 (Seuil), on trouve les phrases suivantes : 

« A partir de 1803, le Code civil décrète : « Est français l’enfant né d’un père français ». Ainsi Frédéric Chopin, bien que né en Pologne, est-il français puisque son père l'est ». 

C’est présenté sans insistance, mais aussi sans référence, comme une réflexion personnelle des auteures. 

 

Dans ces conditions, il ne s’agit que d’une opinion, d’autant moins fiable qu’on trouve quelques erreurs notables sur la même page 29 (on peut aussi remarquer que la phrase qui semble citer le Code Napoléon est une construction, elle ne s’y trouve pas textuellement, même si le sens s’y trouve). 

Les auteures nous disent (page 29) que : 

1) avant la Révolution, « pour peu qu’il décide de s’établir en France, [l’étranger] devient français automatiquement. » : cette affirmation ignore les « lettres de naturalité » délivrées à de nombreux étrangers du XVIème au XVIIIème siècle (cf. par exemple, dans le livre d’Alain Croix (dir.), Nantais venus d’ailleurs Histoire des étrangers à Nantes des origines à nos jours, PUR, Rennes, 2007 ; p. 26, à propos de la communauté espagnole de Nantes,  les « lettres de naturalité, source essentielle pour l’étude des étrangers jusqu’à la Révolution. Il s’agit, dans le vocabulaire de l’Ancien Régime, de l’exact équivalent de la naturalisation : le bénéficiaire obtient les mêmes droits que les autres sujets du roi. L’enjeu n’en est pas mince, au moins pour les étrangers fortunés, puisque, sauf grâce royale, les biens d’un étranger mort dans le royaume vont au roi, en vertu du droit d’aubaine. L’étranger doit en faire la demande directement au roi » [la procédure passe par la Chancellerie et le Conseil du roi]).

 

Ignorant ces éléments, elles ajoutent que : 

2) « La « qualité de Français […] est finalement plus encombrante qu’autre chose puisqu’elle vous oblige à être « conscrit », à être enrôlé dans l’armée. ». Cette phrase se réfère à l’Ancien Régime, période qui, en France, ignorait la conscription (sauf à la rigueur pour les inscrits maritimes), pratiquée pour la première fois en 1793 et institutionnalisée en 1798.

 

Le livre de Doan Bui et Isabelle Monnin est certes intéressant pour les cas présentés (Zola, etc.), quoiqu’il souffre d’un mode d’exposition trop journalistique. En revanche, ces deux exemples (il y en a d’autres) montrent qu’elles ne sont pas des autorités en matière d’histoire du droit de la « nationalité ». 

 

Danièle Pistone (dir.), L’Interprétation de Chopin en  France

Page 7, dans un texte introductif, on trouve sous la plus de Danièle Pistone (professeur d'histoire de la musique à l'université Paris 4) les phrases suivantes : 

« Si les rapports de Chopin avec la France sont déjà bien connus, tant à travers les épisodes de sa biographie (4) que par les hommages qui lui furent rendus après sa mort… 

(4) Si l’un de nos collègues juriste de l’Université de Lille II, le professeur Emmanuel Langavant, vient de démontrer que Chopin – selon le Code civil, par son ascendance comme par sa naissance – ne saurait être que français (« Chopin, musicien français », in Diplômées, n° 153, juin 1990), il est bien évident que [ses liens avec la Pologne ne sont pas contestables]. »

 

On retrouve ici le travail d’Emmanuel Langavant, mais cette fois sous la forme de l’article que je n’avais pas réussi à localiser avec la référence fournie par le livre Mélanges offerts à Emmanuel Langavant (« De la nationalité de Frédéric Chopin: Revue "Diplômés", n°153, juin 1990 »), une requête Google sur « revue Diplômés » ne renvoyant pas à « Diplômées » !

 

 

A suivre : l’article d’Emmanuel Langavant dans la revue Diplômées.

 

 

 

 

Publié dans Histoire

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